Le frelon asiatique déclaré nuisible pour l'abeille mais pas pour l'homme

Un arrêté ministériel vient de classer le Frelon Asiatique : DANGER sanitaire de deuxième catégorie.

Une étude réalisée auprès des apiculteurs de Lot-et-Garonne estime à 17 % la part de la mortalité globale des abeilles directement causée par le frelon asiatique.
C'est tombé le 28 décembre au Journal officiel, pile entre le chapon et la bûche.
Par arrêté du ministère de l'Agriculture, le frelon asiatique, Vespa velutina nigrithorax pour les initiés, entre dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie. Ledit danger concerne l' abeille domestique, Apis mellifera, sur tout le territoire français. L'arrêté ne mentionne pas la dangerosité pour l'homme du frelon asiatique, coupable de plusieurs piqûres mortelles chaque année au même titre que le frelon européen (Vespa crabo), la guêpe ou l'abeille.
C'est à la fois une avancée et un recul. Une avancée, car on doit y voir une forme, tardive, de reconnaissance de l'État pour les dégâts occasionnés par la bestiole sur les essaims d'abeilles. La reconnaissance de l'évidence.
Dévoilée en octobre à Agen, lors du congrès européen de l'apiculture, une étude réalisée auprès des apiculteurs de Lot-et-Garonne estime à 17 % la part de la mortalité globale des abeilles directement causée par le frelon asiatique. Comme le confirme la fiche de l'animal, édictée par le Muséum national d'histoire naturelle, le Vespa velutina est un prédateur d'abeilles qu'il attend en vol stationnaire devant la ruche, avant de les attaquer. Mais il se nourrit également d'autres insectes et de fruits.
Pour autant, le texte ministériel correspond bel et bien à un recul par rapport à l'annonce formulée conjointement par Delphine Batho (la ministre de l'Écologie) et Stéphane Le Foll (celui de l'Agriculture) il y a trois mois. Le 10 octobre dernier, ils avaient proclamé la mise en œuvre d'une procédure accélérée pour classer le frelon asiatique « comme espèce exotique envahissante et comme espèce nuisible d'ici à la fin de l'année 2012 ». Le Vespa velutina était alors censé se couler dans les critères du « danger sanitaire de catégorie 1 » pour l'apiculture. Le délai a été respecté, pas la catégorie.
Des mesures de lutte
Aussi les apiculteurs font-ils montre d'un enthousiasme modéré. « Par rapport aux dangers de première catégorie, les mesures de lutte sont moins systématiques et il n'est pas prévu de mise en place d'un plan national d'intervention sanitaire d'urgence », relève l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf).
De fait, la réglementation impose la prévention, la surveillance et la lutte contre les dangers sanitaires de première catégorie. Elle se contente de l'autoriser pour ceux qui figurent dans la seconde.
Une réunion est programmée ce matin au ministère de l'Agriculture pour dissiper les incertitudes relatives à ce régime juridique. L'Unaf y est conviée. Richard Legrand, apiculteur à Bergerac, en Dordogne, la représentera. « Comment s'organisera la lutte ? Qui va la coordonner ? Quelles actions seront entreprises ? Et qui les financera ? » interroge-t-il.
Cette dernière question sera sans doute le point dur de la réunion. Si l'État a autant tardé à attribuer au frelon asiatique le qualificatif de nuisible, c'est sans doute en raison du coût de son éradication. Huit ans après les premières observations opérées en Lot-et-Garonne, le foyer originel, ladite éradication est désormais considérée irréaliste. Le Vespa velutina est présent dans au moins 50 départements français et son aire de répartition ne cesse de s'étendre. La lutte contre le fléau s'avère artisanale et parfois contre-productive, les pièges n'étant pas assez sélectifs. L'Unaf demandera néanmoins que le piégeage, opéré au printemps sur les femelles fondatrices des nids, soit retenu dans l'éventail des solutions. Or, ce piégeage de printemps est très critiqué par les scientifiques.
Beaux débats en perspective.

Via : Sud-Ouest